Deux spirales possibles

Les données fournies par le NTSB et confirmées par les données radar déclassifiées par le RADES 84 indiquent que la spirale d’approche se déroula au sud-est du Pentagone.

Pourtant, certains éléments concordant ont introduit un doute sérieux sur la localisation exacte de cette manœuvre en spirale.

Norman Mineta, ministre des transports à l’époque, lors d’une interview réalisée en 2002 par Robert Hager, sur NBC fournit des informations très intéressantes sur la trajectoire du vol 77 qui contredisent cette trajectoire. Rappelons que ni les données de la boîte noire, ni les données radar du RADES 84 n’avaient alors été déclassifiées et que les affirmations de Mineta étaient donc les premières données disponibles permettant au public de se faire une idée de la trajectoire de la spirale.

 

Lors de cette interview, il décrit la conversation qu’il eut dans le bunker présidentiel avec Monte Belger, alors directeur de la FAA pendant que se déroulait la fameuse scène du « jeune homme » et qui suggère un rôle actif de Dick Cheney dans l’immobilisme de la défense aérienne.

« Lorsque la personne revint pour dire « l’avion est à 30 miles », je dis à Monte Belger, Monte, pouvez-vous le voir, et où est-il par rapport au sol ?

Il répondit : « Eh bien, c’est difficile à déterminer, mais j’imagine qu’il doit être quelque part entre Great Falls et National Airport venant par ce qu’ils appellent la Drown River Approach (DRA)[1]

Sur cette carte, la DRA est visualisée en jaune. On constate que la trajectoire décrite par Belger est très différente de la trajectoire officielle

 

Plus tard (lorsque le jeune revint informer Cheney que l’avion était à 10 miles (cf. 0), Belger précisa : « Il doit être entre le bâtiment de USA Today et le National Airport », ce qui est bien cohérent avec le tracé de la DRA.

Drown River Approach – trajectoire officielle. L’avion n’a pas contourné le Pentagone selon la trajectoire officielle, mais aurait pu le faire s’il était arrivé par la DRA

 

Puis Mineta compléta : « et en fait, regardant la trajectoire radar, l’avion avait effectivement contourné le Pentagone, puis tourna autour pour revenir s’écraser dessus. » Les données de trajectoires connues ne montrent pourtant pas que le vol 77 a contourné le Pentagone, puisque selon elles, il serait resté plusieurs kilomètres à l’ouest pendant toute la manoeuvre.

 

Cependant, les estimations de Monte Belger pourraient s’avérer fausses, et la trajectoire réelle du vol 77 encore plus éloignée de la trajectoire officielle, si l’on prend en compte les témoignages suivants, tous rapportés par le CIT dans : The Pentagon Flyover – How They Pulled It Of :

 

  • Steve Chaconas est un habitué de la rivière Potomac, sur laquelle il emmène chaque jour ses clients pêcher. Il souligne dans une interview du 4 mars 2008 réalisée par le CIT que le vol 77 attira son attention en raison de sa trajectoire très éloignée du DRA, un détail que seuls les habitués des lieux auraient remarqué. Il affirme avoir vu l’avion arriver de l’est du Potomac, traverser le Potomac et s’écraser sur le Pentagone après une manœuvre en spirale.

 

Son témoignage complet aboutit à la trajectoire approximative suivante :

Cette trajectoire diffère donc de celle décrite par Belger, qui n’avait pas suggéré que l’avion ait traversé le Potomac. Cependant, aucun des deux n’était complètement affirmatif, et la différence entre les deux trajectoires concerne un décalage est-ouest et non les directions de vols, qui sont compatibles entre elles.

 

  • Steeve O Brien, le pilote du C130 qui s’approcha du Pentagone quelques dizaines de secondes après le crash, indiqua qu’il passa devant lui alors qu’il longeait le Mall, ce qui implique que le vol 77 ait traversé le Potomac. Ce point est détaillé dans le chapitre relatif à la trajectoire du C130 et incite également à conclure que le vol 77 a traversé le Potomac et est passé au-dessus de la Washington DC, survolant la zone de restriction P56 (cf. 7.7.1)

Sur cette image, les témoignages de O Brien (dont la position est représentée par l’œil rouge au nord) et de Chaconas (œil rouge au sud) sont assemblés pour reconstituer la trajectoire réelle

 

Trois autres témoins de la traversée du Potomac, de moindre importance en raison de leur point de vue moins global, ont également été identifiés par le CIT :

  • William Middleton Sr : employé du cimetière national d’Arlington, qui vu l’avion dans sa spirale d’approche depuis l’aéroport ou depuis l’est de la rivière Potomac.
  • Tom Hovis, dans un mail aux membres de son association décrit que « l’avion fut vu faire une large incursion dans la No fly zone, au dessus de la Maison Blanche et du Capitole ».
  • Scott Cook et son supérieur Ray, se trouvaient dans la salle de conférence du Portals Building à Washington, laquelle possède une grande fenêtre donnant directement sur le Pentagone, avec l’aéroport Regan sur la gauche. Ayant appris que des attentats venaient de se produire à New York et pensant que Washington pourrait très bien être aussi la prochaine cible, ils étaient en train de regarder la télévision tout en gardant un œil sur la fenêtre. Soudain, ils ont vu que le Pentagone venait d’être attaqué. Cook écrira : « Nous ne savions pas quel type d’avion avait frappé le Pentagone. (…) Plus tard, on nous a raconté que c’était un 757 parti de Dulles qui était passé au dessus de la rivière derrière notre bâtiment, avait viré au dessus du Capitole, était ensuite passé près de la Maison Blanche et du Washington Monument, remontant la rivière jusqu’à Rosslyn, puis qu’il était descendu à quelques mètres du sol en suivant Washington Boulevard pour finir sa course dans le Pentagone. Je n’arrive pas à comprendre comment Ray, un ancien officier de l’US Air Force et moi avons pu louper un gros 757 volant à 650km/h alors qu’il est passé devant notre fenêtre pendant les 10 dernières secondes de vol »

 

  • Colin Scoggins, manager du centre de la FAA à Boston, qu’on entend dans les bandes du NORAD publiées en 2006 par Vanity Fair, affirma à 9 :35 :41 avoir reçu par téléphone l’information selon laquelle le vol 77 serait à « 6 miles au sud-est de la Maison-Blanche ».

Extrait des enregistrements du NORAD :

Boston (Scoggins) : « Dernier compte rendu, avion [inaudible] 6 miles sud-est de la Maison Blanche.

Huntress (NEADS) : 6 miles sud-est de la Maison-Blanche ?

Boston : « ouais. [À quelqu’un d’autre] : est-ce qu’il s’éloigne ?

Huntress : 6 miles de la Maison-Blanche ?

Boston : L’avion s’éloigne.

Huntress : S’éloigne de la Maison Blanche ?

Boston : Ouais…

[inaudible]

Boston Six… six sud-ouest de la Maison-Blanche, et s’éloignant

Huntress : S’éloignant. Vous n’avez pas le type d’avion, vous ne savez pas qui il est…

Boston : Rien rien. Nous sommes ici à Boston, donc nous n’avons pas d’info. Espérons que quelqu’un à Washington aura plus d’information pour vous

On voit que la première version “sud-est” a été rapidement corrigée pour une version “sud-ouest”.

La première impliquait qu’il ait traversé le Potomac. Interviewé par Adam Larson, webmaster de The Frustrating Fraud, Scoggins déclara qu’il était sur à 99 % que l’information venait du centre national de la FAA, situé au centre de Washington et que l’information provenait d’un constat visuel effectué par un agent de la FAA à travers les fenêtres du bureau. Il déclara également “À la question de savoir si le vol 77 a traversé le Pentagone, je ne sais pas répondre”.

Ce témoignage soulève de nombreuses questions :

  • Pourquoi le premier rapport “sud-est” a-t-il été changé en “sud-ouest” sans explication ?
  • Comment peut-on affirmer reconnaître un avion visuellement, à une distance de 6 miles, soit 10km ?
  • Pourquoi Scoggins reconnaît-il qu’il est possible que le vol 77 ait traversé le Potomac, admet la possibilité saugrenue qu’il ait pu être reconnu visuellement par des personnes situées à 10km à travers leurs fenêtres de bureau, et n’en déduit rien quant à la véracité générale de la version officielle, déclarant pour affirmer sa loyauté qu’il était “sûr à 99 % que l’avion était rentré dans le Pentagone
  • Est-il possible que les employés de la FAA à Washington aient vraiment observé le vol 77, mais à une distance permettant de le reconnaître, ce qui accréditerait le survol de Washington et la traversée du Potomac ?

En dehors de Scoggins qui n’est pas un témoin direct, il n’y aurait donc que 4 témoins de cette manoeuvre, ce qui est très faible numériquement, au regard des milliers de témoins potentiels de cette trajectoire. Cependant, cet avion n’était qu’un avion de plus, perdu dans le va-et-vient permanent des avions qui décollent et atterrissent au National Airport toutes les 2 minutes, 24h/24, ce qui aurait pu suffire à le dissimuler.

Un point n’est cependant pas expliqué par le CIT : comment le vol 77 aurait pu pénétrer aussi profondément dans la zone P56, zone d’exclusion aérienne dans le cadre de son plan de vol normal ?


[1] DRA : Down River Approach ou ligne de vol empruntée par les appareils en partance ou à destination de l’Aéroport Reagan)