La variabilité des explications fournies

À l’appui de leurs interrogations, les sceptiques avancent la suspecte variabilité des explications qui ont été présentées pour expliquer l’absence de débris et la nature des dégâts sur la façade. À tout le moins, cette variabilité démontre que le phénomène observé fut pour le moins inhabituel et difficilement explicable, bien que le calme et l’assurance des incontournables experts sur la question semblaient montrer le contraire.

 

Les défenseurs de l’histoire officielle ont en effet avancé différentes explications pour justifier conjointement la faible étendue des dégâts et l’absence de débris d’avion de grande taille aux alentours du lieu de l’attaque.

 

Le chercheur Éric Bart a ainsi listé 6 différentes théories, décrites dans le tableau ci-dessous :

Théorie du cosinus

Source : Hoaxbuster

Date : 26/03/2002

Selon Hoaxbuster, l’angle d’incidence de 45° explique que l’étendue des dégâts soit inférieure à la largeur des ailes.

En faisant référence au fait que les impacts des ailes sont peu visibles, Hoaxbuster réplique :

« D’après les recherches de Paul Boutin / Patrick Di Justo: Cet argument repose sur le fait que l’avion se serait encastré de manière parfaitement horizontale dans le bâtiment, or, selon les témoins de la scène, ce n’est pas le cas puisque les différents témoignages rapportent que l’avion a heurté le Pentagone de biais (à environ 45°). »

Crédibilité

Il s’agit d’une erreur de géométrie élémentaire, comme illustré ci-dessous :

 

Hoaxbuster a visiblement confondu l’hypoténuse d’un triangle rectangle avec les autres côtés, ce qui a affaibli considérablement la crédibilité de son argumentation

 

Théorie de l’avion plombé

Source : Le Monde

Date : 21/03/2002

Un expert, interrogé par le Monde et dont l’identité n’est pas fournie par l’article,  affirme que le vol 77 représente une masse de 115 tonnes chargée de 75 tonnes de kérosène, soit 190 tonnes au total.

Cette donnée lui permet de calculer l’énergie dissipée au moment de l’impact et de conclure qu’elle aurait pu vaporiser l’appareil. (NFPA Journal ; 1er novembre 2001)

Le poids fourni par l’expert est nettement surestimé. Au maximum, le poids  maximum au décollage d’un 757-200 est de 115 tonnes au total (source), dont 57 tonnes à vide. Vu son faible remplissage et la distance parcourue, le poids réel du vol 77 devrait être inférieur à 100 tonnes, soit 90 de moins qu’annoncé par Le Monde.

Crédibilité

Cette exagération relève probablement d’une erreur de bonne foi, puisque par ailleurs la vitesse d’approche a été sous-estimée, ce qui indique que le calcul de l’énergie cinétique n’a pas été volontairement modifié à la hausse pour expliquer l’absence de débris importants.

 

La théorie du Cormoran

Source : l’Effroyable mensonge

Selon le même expert interrogé par Le Monde, l’avion aurait « pénétré horizontalement dans le Pentagone, comme une flèche creusant un trou » sans expliquer la disparition des ailes et des moteurs.

Jacques Rolland, militaire et expert près la Cour d’Appel de Paris, complète cette analyse pour L’effroyable mensonge (Dasquié ; 2002 – éditions la Découverte) : « [les ailes] se détachent de la carlingue et se regroupent sous l’effet de la vitesse » ; évoquant des ailes de cormoran se regroupant au moment du piqué.

Cette théorie a été illustrée sommairement (et ironiquement) par des défenseurs de la version officielle :

 

Crédibilité

Cette approche est discutée au sein du mouvement. Certains ont avancé que l’inertie des ailes aurait dû les propulser vers l’avant et non vers l’arrière pour frapper la façade.

Cette explication pourrait être couplée de manière plus réaliste à l’hypothèse d’une désintégration partielle des ailes et par la pénétration directe des réacteurs dans la façade. En effet, la mise en rotation brutale des ailes pour « rentrer dans le trou » à la suite du nez aurait fait subir au bout de l’aide une accélération d’une centaine de fois supérieure à la gravité, ce qui n’est pas concevable.

 

Théorie de l’angle fatal

Source : l’Effroyable mensonge

Jacques Rolland, dans l’Effroyable Imposteur a également affirmé que l’avion, situé dans un plan quasi horizontal, a frappé la façade avec un angle de quasiment 90°, classant le crash dans la catégorie des crashs en piqué. Dasquié conclut :

« La situation est la même que celle d’un avion tombant en piqué, à la verticale du sol, pulvérisé par l’absence de rebond, comprimé dans un cratère. »

Crédibilité

Jacques Rolland a réduit une configuration tridimensionnelle en un problème strictement bidimensionnel. Il s’agit encore d’une erreur de géométrie dans l’espace ; s’il a certes frappé le bâtiment à près de 90° dans un plan vertical, l’appareil l’a également frappé à 45° dans le plan horizontal. C’est ce dernier angle qui détermine la dissipation de l’énergie cinétique à l’impact et l’ampleur des dégâts. La classification faite par Rolland ne tient donc pas.

 

Théorie de la charge creuse

Source : l’Effroyable mensonge

Une explosion classique disperse violemment ses gaz (résidus de l’explosion) dans toutes les directions, réduisant ainsi son efficacité sur les blindages. L’idée de la « charge creuse » est de concentrer cette explosion dans une seule direction, créant ainsi un dard (ou pointe) de feu, sorte de jet de feu, très fin, très concentré. La puissance de ce dard de feu est phénoménale, vitesse de l’ordre de 40 000 km/h, pression et chaleur énormes. L’explosif est maintenant recouvert de métal pour créer un dard de plasma métallique encore plus dévastateur, transperçant les blindages et enflammant l’intérieur.

Le général Brisset, général de l’armée de l’air, affirme dans l’Effroyable Mensonge qu’« un tel choc transforme l’avion en munitions à « charge creuse », produisant ce qu’on appelle une pointe de feu. Dès le choc, l’appareil se désintègre et brûle au fur et à mesure de sa pénétration dans l’orifice qu’il a creusé »

Crédibilité

Monsieur Brisset a affirmé publiquement que son opinion, telle que rapportée dans l’Effroyable Mensonge, n’était pas une expertise, mais une digression théorique. Il a également admis que le cœur de la théorie (charge creuse et crash à 90°) n’est en fait qu’une extrapolation de crash rarissime impliquant des avions de chasse, type F4 ou Vautour, vers le crash allégué d’un 757-200 au Pentagone. Selon le commandant Bunel :

« Quant aux charges creuses, ce sont des armes dont la fabrication nécessite une grande précision de mise en forme pour obtenir, par agencement géométrique rigoureux, la puissance nécessaire à la perforation d’acier – armes antichars ou antinavire – ou à celle du béton – armes anti-forteresses.

Prétendre qu’un Boeing 757-200, en s’écrasant sur un immeuble aux vitres pare-balles et à la surface extérieure un peu durcie 1) va se transformer en explosif à haut rendement 2) que cet explosif va s’agencer en charge creuse, relève de la science-fiction. Je tiens à préciser que le Pentagone n’est pas une forteresse de la ligne Maginot, que ses vitres peuvent tout juste arrêter des balles de fusil tirées de loin et que les plaques de durcissement des murs n’auraient pas arrêté les turbines en acier des deux moteurs de l’avion » ([1])

 

Théorie de l’attaque par le toit

Source : l’Effroyable mensonge

François Grangier (expert auprès du bureau enquête accident (BEA) et la Cour d’Appel de Pau), également sollicité par Dasquié, affirme dans son livre que « la trajectographie telle qu’on peut la discerner aujourd’hui ne permet pas de conclure à un impact sur la façade, mais plus vraisemblablement par le toit ».

Cette théorie, qui témoigne de la gêne de l’expert face aux éléments photographiques sur la façade, contredit toutes les autres versions.

François Grangier a confirmé son appréciation sur Canal + en mars 2002 :

« Ce qu’il y a de certain, c’est que quand on voit la photo de cette façade qui est intacte, il est évident qu’un avion n’est pas passé par là. Il faut imaginer qu’un avion de cette taille ne peut pas passer à travers une fenêtre en laissant l’encadrement debout. Mais il est évident que si avion il y a eu, il a tapé à un autre endroit »

Crédibilité

Aucun élément concret n’a été avancé par François Grangier pour étayer sa thèse, qui a été rapidement écartée et jamais invoquée depuis pour défendre la version officielle.

Notons que les températures des incendies ont également été invoquées pour expliquer la quasi-disparition des débris. Cet aspect sera étudié ici.

 

Remarque : les contradictions du livre l’Effroyable mensonge

Ce livre[2], rédigé en réponse au livre de Thierry Meyssan l’Effroyable Imposture, présente de très nombreuses incohérences. On constate dans le tableau précédent que 3 théories contradictoires entre elles sont présentes dans le même ouvrage, sans qu’aucune incohérence ne suscite la curiosité de ses auteurs.

D’autres problèmes posés par cet ouvrage sont présentés ici.

 

La description de l’ASCE

Le Pentagon Building Performance Report présente également une contradiction au sujet de la nature du trou dans la façade : dans le texte, il indique que la façade au rez-de-chaussée a disparu entre les colonnes 11 à 15.

Or, le schéma illustrant cette disparition montre un trou s’étendant sur une dizaine de colonnes, de façon complètement contradictoire avec le texte, mais plus compatible avec l’imagine intuitive que l’on se ferait de l’impact d’un Boeing 757 contre une façade.


Impact sur le trou d’entrée d’après l’ASCE

 


[1] Réponse du commandant Pierre-Henri Bunel au général Jean-Vincent Brisset in « Lettre ouverte à Guillaume Dasquié » ; téléchargeable ici

[2] Pour plus d’information sur le contexte de l’écriture de ce livre et les méthodes de ses auteurs, se rapporter à l’interview de Thierry Meyssan par Kropotkine et Ikky présente ici ; voir également la lettre d’excuses publiques écrite par Dasquié et Brisard et publiée ici